LES TROIS MOUSQUETAIRES : D’ARTAGNAN (Martin Bourboulon, sorti le 5 avril 2023)

Pitch :

Un jeune Gascon, d’Artagnan (François Civil), se rend à Paris pour arborer sa missive conseillant qu’il rejoigne ardemment les mousquetaires du roi Louis XIII. Sur son chemin, en faisant une halte à cheval, il se montre héroïque en tentant de déjouer une attaque d’une diligence, laquelle devait transmettre à la Cour, une missive spéciale. D’Artagnan recroisera cette intrigante dame aux cheveux sombres qui mena ses hommes à l’assaut de la diligence (Eva Green). Et bien avant cela, pour devenir mousquetaire du roi, d’Artagnan, effronté, veut affronter en duel, tour à tour à trois horaires et lieux différents, trois épéistes hors-pair : Athos (Vincent Cassel), Aramis (Romain Duris) et Porthos (Pio Marmaï). Qui sont tous trois mousquetaires du roi !! Pour ces derniers, il est question pour ce jeune intrépide d’espérer tout bonnement survivre, mais pour ce jeune Gascon fougueux, les vaincre tous serait un accessit vers la compagnie spéciale des mousquetaires. Mais bien des barrières se dressent rapidement contre D’Artagnan, et il devra user de bien d’autres « armes » s’il veut servir le Roi Louis XIII (Louis Garrel), qui lui comme son épouse la Reine Anne d’Autriche (Vicky Krieps), sous l’emprise du cardinal de Richelieu (interprété par Eric Ruf)…personnage de l’ombre qui vise la lumière en réglant la question protestante et la question d’une religion catholique unique dans le Royaume de France ! Le cardinal de Richelieu entend d’abord passer par des trous de souris, espérant le pouvoir à terme : ces trous de souris étant discréditer les mousquetaires du Roi et discréditer la Reine Anne d’Autriche…

Avis :

Ce blockbuster à la française, revisitant les films de capes et d’épées, étincelant de stars qui sont « in » dans le cinéma hexagonal actuel (François Civil, Pio Marmaï, Louis Garrel, Lyna Khoudri, Eva Green, et bien sûr Romain Duris !), voire international actuel (Vincent Cassel),… Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan est au final, quand la partie I est visionnée, de business cherchant à divertir sans que l’on ait à réfléchir : le plus gros grief ce sont ces maintes accélérations de scénario qui foisonnent dans ce long-métrage. Par exemple les rencontres inopinées coup sur coup, de D’Artagnan avec les Athos, Aramis, Porthos dans un Paris grouillant pourtant de monde, étant à l’époque la ville la plus peuplée du monde. Martin Bourboulon, réalisateur aux manettes, aux commandes, n’a semble-t-il pas su maintenir les rênes solidement, face aux producteurs, et manquera comme il avait manqué dans Eiffel, d’ossature lorsqu’il revisitera des périodes historiques qui exigent pourtant un réel cadre de pensée, un réel rôle de mentor du long-métrage, dès lors que l’on est à la réalisation ! Les sujets historiques étant toujours difficiles à mener sur de bons rails soit en matière de réalisme, soit en matière de retranscription d’une atmosphère. Bourboulon a capté une sorte d’atmosphère ambiant à cette France du XVII ème siècle, qu’il nous permet de revisiter en costumes, maquillages et décors réussis ! Mais le bâts blesse pour obtenir un réalisme suintant, prenant et saisissant à la gorge véritablement le spectateur dans maintes plans conservés au montage, ou maintes séquences d’action qui manquent d’intensité voire d’héroïsme, de convictions. Bourboulon loupe les enjeux principaux d’une telle intrigue très riche fournie initialement et servie sur un plateau d’argent par le très grand Alexandre Dumas. Vouloir trop ramener la première demie-heure de film à du jeu de mots et de la déconnade autour de la rime, fait tout de suite basculer ce long-métrage prometteur vers un naufrage en matière de film historique tout court. Divertissez-vous amplement avec ce film ! C’est bien tout ! Dommage que Bourboulon n’ait pas pris davantage de hauteur d’esprit ! Dommage ce cinéma purement commercial ! L’ironie du sort que Martin Bourboulon est le fils du producteur Frédéric Bourboulon, lequel a (entre autres) œuvré sur de nombreux films de Bertrand Tavernier, lequel avait été un exemple pourtant à bien suivre, avec son film historique Capitaine Conan ou encore La fille de d’Artagnan !

Heureusement que ce déluge de stars, au casting, met la belle mécanique de divertissement à grands spectacles, de ce film, en fonctionnement : fonctionnement efficace ! La plus grosse performance d’acting demeure ce Louis Garrel, décidément optimal en termes d’interprétations dans tous ses derniers films, et qui parvient avec brio à interpréter ce roi faible et indécis en permanence, ce Louis XIII dont le cardinal de Richelieu profite allègrement pour faire avancer sa propre barque, avide de pouvoir, et partisan d’une nouvelle France à feu et à sang, d’une nouvelle saint-Barthélémy en quelque sorte !

Au rayon interprétations, Vincent Cassel ne force pas le tir, il se suffit à lui-même sans avoir à démontrer quoi que ce soit. Par contre le scénario lui joue un vilain tour avec ses dernières paroles, ses dernières pensées alors qu’il est conduit place de Grève pour être décapité, alors tout ce cirque à vouloir faire pleurer dans les salles obscures est bien vite effacé par un rebondissement : génial, Athos demeurera vivant, mais quel pathos sa marche vers le convoi, menotté, le regard creusé,…. Tout ça pour ça ! Ou comment se fiche du spectateur, du cinéphile, quand on joue aussi bêtement et facilement et rapidement avec ses émotions ! Tout un plan en gros, si je résume, qui devient, après coup, totalement « artificiel ». Et les artifices il aurait plutôt fallu les empoigner, et les faire ruisseler en un déluge, vers les scènes et séquences de combats à l’épée… On est loin du Hussard sur le Toit, alors qu’à l’heure actuelle le cinéma français dispose pourtant des meilleurs cascadeurs épéistes au monde ! Il fallait former davantage encore à l’épée l’ensemble des acteurs, en amont du tournage ! Cela manque de souffle, au niveau des combats.

Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan, c’est aussi et surtout ce François Civil qui confirme, et confirme encore et toujours qu’un long-métrage à forts enjeux, peut compter sur son talent, pour être porté vers la réussite ! Et ces rôles féminins réussis, grandement réussis, permettent à travers Lyna Khoudri (Constance Bonacieux), Vicky Krieps (la reine Anne d’Autriche) et Eva Green (Milady de Winter, dans le roman d’Alexandre Dumas), de porter assez haut ce blockbuster français, tout du moins suffisamment haut pour que l’on demande à voir la partie II, la suite et fin !

RETOUR SUR LE COEUR DU SCENARIO : L’HISTOIRE VRAIE DES FERRETS DE DIAMANTS DE LA REINE !

Au printemps 1625, Anne d’Autriche, reine de France, se promène dans les jardins de l’archevêché d’Amiens en compagnie d’un gentilhomme anglais. Ses appels à l’aide suscitent soudain l’émoi. Madame de Motteville, l’une de ses dames de compagnie, expliquera dans ses Mémoires que la reine fut « importunée par quelque sentiment trop passionné du duc […] ». Le gentilhomme en question était George Villiers, duc de Buckingham, à qui la reine avait donné un rendez-vous secret. Les rumeurs relatives à une éventuelle idylle entre le séduisant duc de 32 ans et la souveraine, âgée de 25 ans, circulaient au sein de la cour depuis l’arrivée en France, quelques mois plus tôt, de George Villiers.

Tous deux se sont connus en Espagne alors qu’Anne n’était qu’une adolescente vivant à la cour de son père, Philippe III. L’ardent aristocrate ne dissimulait pas son penchant pour l’infante, une authentique beauté de son temps : carnation blanche, cheveux blonds, grands yeux bleus et formes rondes. Des qualités de peu d’utilité lorsqu’elle épouse Louis XIII.

La duchesse de Chevreuse, Marie de Rohan-Montbazon, surintendante de la reine, joue un rôle essentiel : elle présente d’abord le duc de Montmorency à la reine, puis organise la rencontre secrète d’Amiens avec le duc de Buckingham.

Habituée à la placidité de la cour espagnole, Anne d’Autriche découvre avec surprise et plaisir la légèreté des coutumes de la cour française, et accueille sans résistance les compliments du duc de Buckingham, même si elle n’a sans doute pas envisagé d’être infidèle à son époux. Elle accepte cependant un chevalier servant romantique. Pour preuve, lorsque Buckingham quitte définitivement la cour, la reine, désireuse de lui pardonner son comportement à Amiens, lui offre les ferrets de diamants qu’elle portait le jour de leur rencontre. L’anecdote en serait restée là si elle n’était arrivée aux oreilles du plus farouche ennemi de la reine, le cardinal de Richelieu.

À l’époque, Richelieu est le véritable maître de la France, et le cardinal s’attache à contrôler tout ce qui se passe à la cour. Pour jeter le trouble entre Anne d’Autriche et son époux, Richelieu ourdit une machination qui constituera au XIXe siècle l’intrigue du roman d’Alexandre Dumas, Les Trois Mousquetaires.

La trame des aventures de d’Artagnan et de ses trois compagnons est historique.

Dans ses Mémoires, la duchesse de Chevreuse dit avoir été chargée de remettre les célèbres ferrets de diamants au duc de Buckingham, que ce dernier s’empresse de porter lors d’un bal donné à la cour à Londres. Or, Richelieu pouvait compter dans la capitale anglaise sur une alliée : Lucy Hay, comtesse de Carlisle – Milady de Winter, dans le roman de Dumas –, qui l’informe de ce qui se passe.

Pendant le bal, la comtesse réussit à couper discrètement quelques ferrets qu’elle envoie immédiatement au cardinal de Richelieu. Lorsque Buckingham s’aperçoit que les ferrets ne sont plus en sa possession, il comprend ce qu’il s’est produit.

Il ne se trompait pas. Richelieu avait convaincu Louis XIII d’insister pour que la reine arbore les fameux ferrets, indiquant même au monarque que la reine les avait offerts à Buckingham. C’est ici que la littérature et l’histoire divergent. François Civil (D’Artagnan) se rendant dans le film à Londres récupérer les ferrets de diamants, tandis que l’histoire véridique est que le duc de Buckingham fera fabriquer à l’identique de nouveaux ferrets de diamants, qu’il fera livrer rapidement jusqu’à la Reine Anne d’Autriche…

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