CENT MILLE DOLLARS AU SOLEIL (Henri Verneuil – 1964)

Henri Verneuil marcha là brillamment sur les traces du grand Salaire de la peur de Clouzot, dépeignant habilement deux hommes perdus, cette fois-ci dans un lyrique Sahara. Un cinéma de genre action/aventure s'’inscrivant dans les voies de la Nouvelle Vague avec un talent enthousiasmant, notamment le concept révolutionnaire pour l’'époque de tout tourner dans un cadre naturel, palliant les défauts d’'éclairage par le soleil de plomb surplombant l’'Atlas et le désert marocains. Une séquence de course-poursuite d’'anthologie, des dialogues idéaux du grand Michel Audiard, une réalisation pleine de prouesses de Verneuil, une sacrée paire d’'acteurs : Lino Ventura/Belmondo.

Pitch                    

Deux camionneurs se tirent la bourre pour parvenir le premier à la frontière sud du Maroc. Le premier, Belmondo est parti avec un camion grand luxe, transportant 100 000 $, pour l’4échanger à la frontière contre une imposante rétribution. Le second, Lino Ventura devra se contenter de 20 000 $ promis par leur patron commun, pour le rattraper, et ramener ce camion à bon port. La course poursuite se lance rapidement, défiant une nature rocailleuse…/hostile…

Michel Audiard sert admirablement le duel Ventura/Belmondo à coups de répliques qui font très souvent mouches dans ce 100 000 dollars au soleil, tant au plan comique, ironique que sur d’'autres plans. Des dialogues limite d’'exception, servant une intrigue rendue du même coup très prenante. Henri Verneuil n’'y est pas étranger non plus, au contraire, servant une mise en scène parfaite, et un montage dynamique, c'est-à-dire digne des talents qu’'on lui reconnaîtra en grande pompe par la suite. 

Verneuil s’’offre même le luxe de caméras embarquées sur les véhicules, ou plutôt accrochées aux flancs de ces camions ; ce qui offre au spectateur un angle de vue magistral sur la nature difficile de l’’Atlas marocain, limite vertigineux. Cela apporte aussi un rythme au film, un suspense à l’’intrigue. On doit aussi à Marcel Grignon une remarquable photographie. Verneuil a su se lâcher dans ce thriller d’’aventure, car on frise le comique parfois, ironique entre Belmondo et Ventura, pur entre Bernard Blier et Ventura, et Ventura s’’offre à un moment le loisir de tout casser dans un bar.

C’’est un peu un film de durs, avec bastonnades, sens du risque et goût pour l’’argent facile, avec notamment deux carrures imposantes : Ventura, Gert Frobe (le patron camionneur, qui fera l’’ennemi de Sean Connery dans Goldfinger, l’’année suivante), Reginald Kernan, le très « bonhomme » Bernard Blier. Et puis le trublion de service, bagarreur quand il le faut, mais surtout hautain et espiègle : Belmondo. Un film d’’aventure/suspense qui n’a pas pris une ride, grâce évidemment au format noir & blanc, et à la virtuosité avant-gardiste de Henri Verneuil. Un dénouement final très burlesque où un ancien catcheur entend mettre une correction à un ancien boxeur, autant que ce dernier veut lui en mettre une. Se regarde avec un plaisir de grand enfant. Un classique du cinéma d’’aventure français !

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