Alea jacta est au sombre milieu de sottises racontées sur Shimon Bar Kokhba, leader d’une révolte contre Rome en Judée, dès 132 apr. J.-C., guerre ultime du peuple juif d’alors, avant la grande diaspora. Dans Wikipédia, chaque contributeur surjoue son rôle, chaque contributeur successif efface les écrits du précédent jusqu’à faire ressembler le portrait du chef Bar Kokhba à un fourre-tout erroné. Et ces publications internationales d’ouvrages et romans sur cette guerre qui scella le sort des populations juives vers l’interdiction de territoire pour presque deux millénaires durant.
L’Histoire, la Grande, cela se respecte. Respect déjà aux individus qui étaient là avant nous. Le combat mené par Bar Kokhba était-il emprunt de messianisme ? Pourquoi les meilleurs légions romaines furent envoyées en Judée reprendre la main sur une guerre qui tournait mal côté Romain ? Diplômé d’un Master de Recherches en Histoire antique et religieuse et d’un Master Enseignement et Formation, j’ai ré-agencé mes travaux sur cette REVOLTE DE BAR KOKHBA, pour l’adapter au format livre broché (188 pages), m’efforçant de rendre compte de manière pédagogue de tout ce que l’archéologie, la papyrologie, la numismatique ont révélé.
Les sources latines induisent en erreur et sont écartées du champ d’analyse historique de mon livre
Je colle au maximum aux sources archéologiques, numismatiques et papyrologiques pour révéler les vérités liées au camp rebelle, au camp des insurgés juifs d’alors, entre 132 et 135 ans apr. J.-C. Les sources latines quant à elles sont totalement écartées, tellement soit elles taisent certains faits soit elles exagèrent d’autres faits.

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Qui est Shimon Bar-Kokhba ?
Shimon Bar Kokhba, …de qui s’agit-il ? De 132 à 135 apr. J-C., les Juifs de Judée défièrent à nouveau Rome, plus d’un demi-siècle après le désastre de 70/74. Cette fois-ci, face à ce même ennemi, il n’y eut pas de valse des dirigeants, côté rebelle, mais le leadership durable d’un seul, en l’occurrence Shimon Bar Kokhba.
L’envoi de l’élite des légions romaines en Judée pour reprendre la main sur ce conflit
L’état de crise économique ainsi que le retranchement de certains rebelles et leurs familles dans des refuges de fortune (grottes notamment) nous montrent l’importance qu’eut cette rébellion. Les sources latines taisent cette durée prolongée de la guerre, et par là même les difficultés rencontrées en Israël par les légions romaines. Etonnant, quand on sait que l’élite des légions romaines d’alors furent dépêchés sur place, pour faire tourner le sort en faveur de Rome, jusque là en graves difficultés.
Une observance religieuse se poursuit malgré la guerre…
Des archéologues ont découvert des biens (artefacts) et monnaies ayant appartenu aux Juifs impliqués dans le conflit. Ces objets sont autant d’indices sur la condition humaine qu’adoptaient les rebelles. Devant l’avancée romaine, ils nous ont laissé des traces de leurs espérances, des preuves de leur résistance à Rome, ainsi que des témoignages des idéaux pour lesquels ils luttaient. De leur leader charismatique et autoritariste au sort des populations civiles, en passant par les rites observés malgré le contexte de guerre, les Juifs en rébellion ont plus que fait acte de résistance à la puissance romaine. Ils ont cru en la victoire ! Cette espérance s’étant renouvelée et sans doute ranimée dans leur recherche de Yahvé, à travers l’observance des sabbats et de la fête du Sukkôt. Les papyri et les rites observés prouvent une spiritualité certaine de ces rebelles, comme autant de renfort contre l’oppression romaine. Cette révolte devait même avoir des dimensions apocalyptiques, messianiques, purificatrices et eschatologiques.
Les causes de ce conflit…
Les causes habituellement reconnues à l’insurrection seraient, si l’on suit le point de vue juif, la paganisation de Jérusalem. Et par là même le remplacement, inadmissible, du Temple sacro-saint (judaïsme) par un temple païen et idolâtre (paganisme et idolâtrie romaines). Pour une région déjà durement touchée soixante-six ans plus tôt par la révolte de 66-70/74 apr. J-C, il reste difficile à considérer qu’un même peuple décide à nouveau de défier un même ennemi aussi puissant : Rome, LA puissance impériale majeure de l’époque… Au risque de sombrer pour de bon. Mais ce syncrétisme religieux et cette obligation de quitter Yahvé pour Jupiter, ne pouvaient être acceptés par les mentalités juives. Et si l’on ajoute l’état de désolation dans lequel était plongée la Judée depuis un demi-siècle, à travers par exemple la misère des petits paysans expropriés par des étrangers, les dés pour une nouvelle insurrection anti-romaine étaient jetés.

Rome avait entamé la fondation d’Aelia Capitolina, ville sensée mettre dans l’ombre Jérusalem
Précisons que la fondation d’Aelia Capitolina devait être à l’état de projet et dans ses balbutiements lorsque les Juifs de Judée entrèrent en révolte ouverte contre Rome. De même, le temple païen devait être à l’état de projet très avancé. Car dans les faits, la fin de cette révolte coïncide grandement avec la concrétisation de ces projets.
Rome incarnait aux yeux des rebelles juifs le Mal absolu
Bien plus qu’en 66 apr. J-C, Rome avait provoqué peut être inconsciemment les populations juives. Par méconnaissance ou par mésestimation des Juifs de Judée, Rome allait concourir inconsciemment à mieux incarner le Mal que les Juifs de Judée, à travers leur Ecriture, assimilaient consciemment à lui seul. Une dimension eschatologique plus poussée devait imprégner les esprits juifs, dont beaucoup devaient percevoir Rome comme un Mal provocateur et viscéral. De là vint peut être la durée du leadership de Shimon, fils de Kokhba, qui, cristallisant en son charisme de telles attentes, et de telles conceptions a pu contrairement aux différents leaders que connurent les insurgés de la première révolte juive de notre ère, rassembler et rallier à lui davantage de sympathisants. Gouvernant sa rébellion d’une main de fer du début à la fin du conflit, Bar Kokhba a soudé les rangs des insurgés à un point tel que Rome, par son impréparation initiale, connut de grandes difficultés.

C’est surtout par des idéaux nationalistes, imprimés en haut et réclamés en bas, que Shimon Bar Kokhba a pu se maintenir seul et aussi longtemps à la tête de la révolte de 132-135. Il a donc logiquement pu recruter bien des sympathisants et enrôler bien des combattants car ses idéaux de restauration du Temple de Jérusalem et de libération d’Israël trouvèrent un écho favorable auprès du peuple juif.
Une emprise de Bar Kokhba sur la Judée telle, qu’il arrivait à financer la rébellion par des dîmes collectées
La longévité de Bar Kokhba à la tête des rebelles s’explique notamment par son respect envers l’observance de certains rites juifs majeurs, par son souci organisationnel teinté d’autoritarisme pour ces questions religieuses, et bien assis sur un schéma hiérarchique tricéphale strict : lui, des agents, des administrateurs locaux. Sa longévité au pouvoir tient aussi à son quadrillage stratégique de la Judée, à son emprise personnelle sur la Judée. Il n’avait pas hésité à usurper ces terres romaines pour y percevoir des dîmes, dans un but unique de financer sa révolte.
L’incapacité de Bar Kokhba à exporter vers la Galilée, l’Arabie, la Syrie, sa révolte, du fait de l’emprise romaine autour de la Judée
Depuis ses quartiers généraux il délivrait par écrit ses ordres. Ce gouvernement épistolaire ne devait être qu’une forme de commandement parmi d’autres. S’il tenait d’une main de fer un pays qu’il connaissait bien, la Judée, il dut être négligeant quant à l’exportation de sa cause aux pays limitrophes. Parce qu’il est finalement question d’idéaux purement nationalistes, ne pouvant envenimer contre Rome que les seules mentalités juives. Si au lendemain de sa défaite, Syrie et Palestine furent réunies pour ne former qu’une seule et même provincia, c’est bien que la Syrie était demeurée calme. Si des Galiléens se réfugièrent en Judée, c’est sans doute parce que ces sympathisants rebelles avaient fui à la hâte une Galilée tenue d’un main de fer par Rome. Après sa victoire sur les Juifs de 70 Rome n’avait pas donné un réseau routier à la Galilée par hasard. L’épigraphie montre bien que les gouverneurs d’Arabie et de Syrie ont concouru à mater les rebelles, en renfort du gouverneur de Judée Tinius Rufus. Les honneurs qui leur furent accordés par Hadrien lui-même nous imposent l’idée d’une coalition romaine devant le péril judéen.
Bar Kokhba : LE Messie qu’attendaient les Juifs ?
Le prétendu messianisme de Bar Kokhba tient à peu de choses : il est vrai que les monnaies rebelles frappées portent des images à connotation eschatologique, messianique et sous-entendent une victoire prochaine. Il est vrai aussi que Rome est comme en 66-70/74 le tout dernier ennemi à abattre, l’Empire du Mal des écrits apocalyptiques juifs. Et ces écrits sont presque contemporains de la révolte et peuvent démontrer des attentes messianiques chez les Juifs d’alors. La fête du Sukkôt pouvait quant à elle redonner un fervent élan nationaliste aux Judéens en les faisant encore et toujours aspirer chaque année à la Terre Promise. Une terre expiée de ses souillures païennes.
…Non…
Bar Kokhba a très bien pu jouer sur ces images numismatiques à des fins purement propagandistes. Il a sans doute maintenu la fête du Sukkôt pour conserver sa légitimité aux yeux du peuple. Il a pu jouer enfin sur la portée rassembleuse et eschatologique de ces écrits quasi-contemporains pour mieux sonder des populations juives dont il allait conduire le destin pour plus de trois ans. Si tout ce combat semblait très motivé, et habilement encadré, la cause fut vaine. Après cette grande poussée nationaliste, les Juifs de Judée furent réprimés en nombre, et parmi les survivants tous durent quitter leur terre natale pour longtemps, alimentant la grande diaspora juive.