L’école doit tout faire à la place de parents d’élève qui ne font plus qu’une chose : défendre leur enfant-roi. Bien des jeunes allant au bout du système scolaire et basculant à leurs 18 ans vers le marché du travail n’honorent pas les efforts que le système scolaire français a fournis pour les préparer à leur vie d’adulte : vie adulte qui s’affiche au-devant d’eux et les ceinture de manière brutale lorsqu’ils sont débarqués d’un monde scolaire douillet vers l’univers du travail où il faut douiller.

La faute à diverses causes : le système scolaire est aveugle et sourd depuis longtemps vis-à-vis des réalités froides et brutales du marché du travail, d’abord. En gros, le système scolaire n’est plus du tout à la page. Ensuite, la valeur travail a évolué vers une image de « dur labeur matérialiste » : ces jeunes débarquent en effet sur le marché du travail en sachant que travailler pour toucher un salaire c’est entretenir sa liberté matérielle certes, mais ils s’en fichent de ce type de liberté dite matérielle (« belle » maison, « belle » voiture, tout cela ça ne leur parle plus du tout, ils s’en fichent). Ils ont inversé dans leurs têtes le procédé de lecture de ce qu’est la valeur travail : ce qui donne une valeur travail qui ne doit ô grand jamais les renfermer dans une vie quotidienne exténuante mentalement par l’occupation d’un poste gradé emplie de pressions internes et externes, ou physiquement par un poste répétitif ou usant, voire les deux à la fois.

Se tuer à la tâche, en résumé, c’est NON pour ces jeunes Français (es) de 18-30 ans, car leurs propres parents par leur vie de labeur leur apparaissent comme étant à la fois usés, absents de leurs préoccupations majeures, trop « vieux » pour les comprendre. Qui a raison/qui a tort entre ces 18-30 ans et leurs propres parents ? On s’en fiche de savoir. Ce n’est pas un vrai débat, de le savoir ou de récompenser en bons points un camp ou un autre. Mais une réalité fait se rejoindre ces deux camps qui ont divorcé sur la question de la valeur travail et offrant par là même un triste paysage de chaumières où les parents rentrant du travail n’ont même plus la force d’inciter leurs enfants à les imiter, et où lorsque leurs enfants n’ont même pas envie de savoir ce qu’ils ont fait durant leur journée de taf.

Cette réalité désastreuse de l’économie-France est que cette dernière n’a jamais osé franchir un pas définitif :

  • soit vers le tout libéral où l’individu lui-même est un matricule, un « porte-monnaie vivant » ayant plus de devoirs que de droits, et devant par son activité professionnelle gagner sa liberté, son autonomie matérielle, et faire ruisseler les richesses qu’il génère individuellement vers une économie de masse nationale ;
  • soit vers le tout conservateur où l’individu bénéficie d’accompagnements sociaux, d’une protection sociale, faisant ruisseler vers une Nation multi-séculaires non plus du « pétrole » et/ou des richesses quantifiables mais des « idées ». (« On n’a pas de pétrole mais on a des idées », le Président de la France Valéry Giscard d’Estaing, en 1976). D’ailleurs l’écriture cunéiforme sumérienne, première forme d’écriture sur Terre qui émergea 3300 ans avant notre ère servait à retranscrire d’abord du quantitatif puis des idées.
Le cul français entre deux chaises libérale/conservatrice, se décline dans bien des sphères de la société française. Restons sur l'exemple de la sphère de l'éducation :

Jules Ferry n’est pas Pépin le Bref ! Une école pour tous, voulue par Jules Ferry, ce n’est pas l’école de Pépin le Bref tournée vers les besoins de mieux gouverner, donc en tant que « sujet » de se sentir mieux gouverné et donc être dans l’adhésion envers son Roi, son Chef d’Etat : comme le voulait Pépin le Bref, à savoir former les personnels hautement qualifiés pour le Palais, Palais siège de la gouvernance ; soit une formation pour un métier assuré, une formation ciblée pour une future fonction toute désignée.

L’école que voulait quant à lui Jules Ferry c’était plutôt une arme absolue dont il fallait doter la France pour disposer d’une masse future de « protecteurs » du pays. J’ai bien dit « masse ». Former en masse, pour avoir l’air moins cons si le voisin allemand décidait d’attaquer.

Le concept d’ « école pour tous » mêle malheureusement aujourd’hui des professeurs qui sortent de l’école avec un diplôme pour y retourner aussitôt cette fois-ci non plus comme élève mais comme enseignant, quand de grands penseurs dirigeaient par exemple les premières universités en Europe au Moyen-Âge, ou quand un avenir plus grandiose passera en France par l’encadrement de filières techniques d’apprentissage dès 12 ans : les encadrants et cadres devant être systématiquement partout dans ces filières des vrais professionnels de terrain encore sur le terrain, encore à la page de ce qui se fait jusqu’à même l’international dans leur spécialité.

A nos professeurs actuels on s’entête en haut-lieu à imposer des programmes officiels filant l’indigestion à la lecture, et pensés par des personnes qui n’ont jamais enseigné de leur vie : car la formation de nos chères têtes blondes c’est de la grande politique.

Ajoutez à cela qu’au moindre problème, à la moindre plainte d’un parent d’élève défendant son enfant, le professeur concerné est mal défendu par sa Direction : surtout en enseignement privé où le parent est client puisqu’il a payé la place de son rejeton sur les bancs de son école, et où donc le client étant roi les enseignants subissent un manque de considération et d’appui de la part de leur Direction d’établissement.

Ajoutez à cela qu’au moindre phénomène de société l’école doit prendre parti: les enseignants vont par exemple devoir expliquer des choses inexplicables comme la différence entre relation sexuelle consentie et viol, la pornographie, les différences de genre humain et toutes ses nuances de gris, …alors qu’à la base ils sont détenteurs d’un savoir à transmettre, en aucun cas sont-ils préparés à imposer un « jugement » sur une question de savoir-vivre… Trop de choses à faire, à assumer par les enseignants ! Et surtout bien des choses ne sont pas leurs rôles ! Les parents doivent reprendre ce rôle d’éducateur.

Dans l’enseignement global français le savoir est devenu une marchandise qui se monnaye. Dans l’enseignement supérieur le savoir est politisé. Quand dans les toutes premières grandes universités prestigieuses du Moyen-Âge en ressortaient des élites formées et qualifiées, des élites illégitimes et politisées sélectionnent des étudiants aux convictions molles pour les formater jusqu’à ce qu’ils chient des travaux de thèses pour abandonner ensuite ces étudiants à France Travail, tout en incorporant les travaux de ces étudiants dans leur futur ouvrage scientifique vendu en librairie.

La libéralisation à tout va a contaminé le système éducatif français. Mais, cul entre deux chaises, les écoles, universités, grandes écoles demeurent partisanes de valeurs à transmettre dans leurs établissements qui ne sont plus du tout à la page face au monde actuel. Il faut mettre en place dans les universités des encadrants capables de former des étudiants qui seront aussi rapides en calcul que les Singapouriens. Dans les facs d’histoire il faut des encadrants qui préparent les étudiants à être capables d’élaborer de vraies thèses sur des sujets qui apportent des réponses aux phénomènes concrets et faits réels des sociétés humaines. Les universités proposant sociologie, économie, anthropologie doivent fusionner ces trois filières : un économiste futur, pour apporter vraiment à la France, devrait absolument être capable d’être aussi doué en économie, qu’en sociologie et anthropologie car l’ « individu », concept placé au centre de ces trois sciences doit enfin être expliqué pour ce qu’il est vraiment : à savoir il est un agent économique qui pense et à conscience de sa propre existence en tant que partie intégrante de l’espèce humaine.

Côté professeurs celles et ceux ayant une réelle fibre resteront, tous les autres lâcheront, et laisseront des directeurs et directrices sans personnels enseignants, avec des classes pleines à craquer, ...jusqu'à ce que tout l'établissement devienne vide quand la privatisation et l'émergence de structures scolaires clientélisant les parents selon leurs revenus et les enfants selon leurs capacités intellectuelles, auront supplanté l'ancien système éducatif français.

Les générations françaises de baby-boomers, nées dans un contexte de paix retrouvée au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, ayant la vingtaine d’années insolente lors de Mai-68 ont, après avoir mis dehors le général De Gaulle, très bien alimenté de leur labeur l’économie-France. Mais de quelle manière, surtout, l’ont-ils fait ? Chacun avait son emploi et c’était comme si la valeur travail rimait avec richesses matérielles, liberté de pensée et d’expression. Le tout dans une parfaite insouciance qui de nos jours s’arrête et est brisée dès le sortir de l’enfance. Ces « vieux enfants »/« éternels gosses » auxquels ressemblent nos Soixante-huitards n’avaient, il faut l’avouer, aucun souci à se faire : la chute du Shah d’Iran par la Révolution Islamique du dictateur Khomeini en 1979 n’avait rien de semblable sur le plan anxiogène avec par exemple cette guerre aux portes de l’Europe, en Ukraine, que nos jeunes de 18-30 ans intériorisent comme un obstacle à leur propre avenir : c’est-à-dire par exemple que l’âge d’une femme française lorsqu’elle en est à donner naissance à son tout premier bébé recule au point que les jeunes femmes de 18-30 ans ne sont plus concernées ou ne veulent plus par choix de vie, être concernées par la question très haute du renouvellement de la Nation-France.

La chute du mur de Berlin en 1989 puis l’implosion du Bloc Soviétique en 1991 seront des bouffées d’oxygène apportées à nos soixante-huitards français (es), qui au demeurant n’en avaient pas besoin, au sortir d’une décennie 1980 totalement déjantée et délirante : pleine de rires, de coups de cœur et de…discothèques endiablées. Nos soixante-huitards avaient alors la quarantaine d’années. Ils jouissaient d’une totale réussite sociale, matérielle.

La dépression des années 1990 est le début de tous les questionnements franco-français à propos des choix à faire. Questionnements auxquels les réponses se font toujours attendre, laissant des fantômes dans les placards tels ces parents de néo-actifs qui souffrent en silence d’un manque de communication inter-générationnelle, ou encore les 30-40 actuels qui, scolarisant leurs enfants attendent tout de l’école et des enseignants, lesquels doivent être en classe une sorte de papa-bis (ou maman-bis) puisque « vrai papa » et « vraie maman » ont totalement démissionné de leur rôle premier d’éducateur, mais aussi le transmetteur de savoirs évidemment, l’animateur de garderie, le gendarme veillant à la discipline, tout à la fois quoi, et ce, tout en entendant des gens dire qu’ils ont trop de vacances.

Un peu de respect envers le corps enseignant, chers parents d’élèves, et, quitte à couper de temps à autres avec vos rythmes de travail empiétant sur vos devoirs de pères et mères, si vous pouviez éduquer vos propres enfants cela permettrait aux enseignants…d’enfin pouvoir enseigner…

Quant aux parents, leur planning professionnel servirait-il autant une « France qui compte dans le monde » s’ils basculaient vers une semaine de quatre jours travaillés au lieu des 5 jours actuels dont ce fameux vendredi qui en soi montre de sacrés talents de comédiens chez nos travailleurs de France… ?

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