The Killer (John Woo avec Show Yun-Fat -1989 / sortie française 1995)

The Killer est le monument de John Woo, monument du cinéma d’’action/polar, créé et interprété par la fine fleur de Hong-Kong, l’’autre Chine ! Interdit aux moins de 16 ans lors de sa sortie retardée en France en 1995, interdit jusqu’’aux moins de 18 ans ou point interdit tout court dans d’’autres pays, The Killer a terriblement souffert de sa violence théâtralisée. Et pourtant…. The Killer est sorti sur les écrans hongkongais en 1989 et reste aujourd’’hui la référence de tous les réalisateurs asiatiques désirant percer aux Etats-Unis. Mais John Woo a emprunté un chemin de croix malgré tout, en tentant depuis, ce grand pari américain.

Pitch    

Comment un tueur à gages (Show Yun-Fat), décidé à changer de vie, va lors de son dernier contrat, provoquer la cécité d’une jeune chanteuse. Pour trouver l’argent nécessaire à l’opération de la jeune femme, il accepte un autre contrat.

Avis

Le Syndicat du crime (1986), Le Syndicat du crime 2 (1987), A toute épreuve (1992), Une Balle dans la tête (1993), … s’’il fallait faire de ces quatre films un cycle cinéma polar asiatique sur une chaîne spécialisée comme Canal + l’’avait osé au milieu des années 1990, il sauterait aux yeux un même prénom, un même nom : John WOO !! Et il ne faudrait surtout pas omettre d’’y glisser aussi un certain The Killer (1989), une théâtralisation shakespearienne violente à l’’esthétique révolutionnaire décomptant une centaine de gars refroidis !

Cette série de polars aux gunfights prodigieux a établi John Woo en Asie, comme le ponte, le pape, le boss, l’’éternel inégalé, mais aussi l’’acteur de la révolution mondiale qui s’’orchestrera à Hollywood dans le registre des polars-thrillers dès le milieu des années 1990. La mise à mort des Schwarzy, Stallone, Seagal et JCVD, c’’est John Woo ! Chasse à l’’Homme (avec JCVD) a en outre fait avorter en 1993 son immersion dans le cinéma action US, mais Volte/face ou Broken Arrow ont taillé des croupières certaines dans les rentrées d’’argent des L’Ombre blanche de Steven Seagal et autres Daylight de Stallone…

The Killer n’’est pas celui qui fera la percée dans le fort hollywoodien en définitive, car violent, interdit et brocardé, c’’est plutôt avec A toute épreuve que John Woo retirera une notoriété, suite à laquelle il pourra faire ressortir son The Killer à l’’échelle internationale en 1995, soit 6 ans après sa sortie asiatique. The Killer n’’a rien d’’un cinéma américain mais il a tant à lui apprendre. The Killer est resté le summum inégalable de ce que le nouveau cinéma hong-kongais avait à proposer au cinéma-monde. Aujourd’’hui, l’’ensemble de ce travail inspiré et terriblement inspirateur, est à constater de visu dans les séries US de type 24H Chrono, mais aussi dans les films de la « triade » de réalisateurs hongkongais Tsui Hark/Ringo Lam/Johnnie To.

Malheureusement, ces trois derniers sont résolument en ‘‘mode’’ action, sans sagesse similaire dans la tension dramatique. Et alors que John Woo se retrouva sans relève chez lui, les Américains l’’attirèrent, l’’embauchèrent et le débauchèrent à travers des productions quelque peu martiales, et beaucoup trop brisantes. Le grand ennemi de John Woo devenait petit à petit, passé 1993/1995, les producteurs US ! Quel combat ! John Woo n’’est ni Broken Arrow ni les formatés Volte/face, M.I-II, Paycheck, NON,… l’âme de John Woo c’’est The Killer.

The Killer, dans sa version longue originale, est une merveille absolue du gunfight et du polar à sensations mi- oeœstrogène/mi- testostérone. Le spectateur sera d’’abord saisi par cette séquence de l’’hôpital où un tueur sans nom, et professionnel, risque tout pour apporter jusqu’’au brancard du bloc d’’opération un garçon innocent qu’’une de ses balles perdues a manqué de terrasser… Le duel entre le flic poursuivant et le tueur à gages poursuivi, tourne au théâtre, en plein cœoeur de cette salle d’un blanc vierge de toute haine.

Le gunfight chez John Woo est un moteur du film. Tout simplement, il crée une rencontre inopinée, qu’’il structure durablement au gré d’’autres telles rencontres d’’homme à homme, pour non plus éloigner mais rapprocher les deux duellistes dans l’’amitié et même la mort. Qui survivra ? Là est toute la surenchère agréable de la théâtralisation !

Magnifique de chorégraphies et de grands plans saisissants. Les Américains ou Européens se seraient eux, recroquevillés sur un fumeux ‘‘bullet-time’’ pour meubler ce qu’’ils n’’arriveraient point à faire ressortir. John Woo fait tout à la seconde près, dans une minuterie shakespearienne et à rebours, digne des thrillers modernes !

Et cette femme qui recouvre la vue sur le cours d’’une vie dont elle ne mesurait point le risque, mais qui contre tout et malgré tout continuera d’’aimer. Et l’’espérance d’’un film résolument violent mais sain, noir mais attendrissant et surréaliste. Et cette chapelle comme baroud d’’honneur ! The END.

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