INFLATION. Les grandes marques truquent leurs marchandises dans leurs contenus et leurs contenants, quand les distributeurs essaient de marger sur les « premiers prix »

L'inflation qui court depuis la crise COVID subie depuis quatre ans, elle-même décuplée par la crise ukrainienne depuis presque deux ans, a vu les Français faire le dos rond puis diminuer leur consommation, puis les marques nationales ont essayé de s'adapter au choc de leurs surcoûts de production en augmentant leurs prix de vente, ou en diminuant drastiquement le contenu de leurs produits. Les distributeurs eux, tournent le dos aux marques nationales et veulent marger sur leurs produits premiers prix (la gamme Simply chez Carrefour, la gamme Eco + chez E.Leclerc, etc). Soit des produits, qui ne sont hélas pas du tout une solution au problème budgétaire des Français puisque ces jambons aux nitrites peuvent provoquer un cancer colo-rectal donc des frais de santé, ou bien ces flancs au caramel, chez certains distributeurs, qui contiennent peu de lait et un faux caramel, à base de sirop de glucose, et de fructose, qui ne sont pas du tout étudiés pour que vous restiez en bonne santé !

Des crèmes dessert vendues par pack de 16, tous au même parfum ?! Cela permet de maintenir les prix très bas pour l’industriel. Une bouteille de jus d’orange, par exemple, qui passe de 1 litre à 90 centilitres, sans diminuer son prix ?! Cela permet de masquer la volonté de marger de la part du distributeur (pour les produits premiers prix), de la part de l’industriel (pour les marques nationales bien établies). Les industriels ne savent plus comment reprendre les rênes face aux distributeurs, qui eux, se gavent mais au détriment de notre capital santé. Désormais, les marques premiers prix de distributeurs peuvent être parfois à hauteur des yeux, alors qu’auparavant elles étaient au niveau des pieds.

Et pourtant sur les produits essentiels, nul besoin d’une grande technicité dans l’art de produire à grande échelle, de la part des marques distributeurs : ce sont beaucoup les produits bruts (le sel, le sucre, la farine, les coquillettes), tout ce qui est peu transformé qui, effectivement, voient les petits prix rivaliser avec les grandes marques, parce qu’ils n’ont pas forcément besoin de technicité trop grande.

La mort dans l’âme, les grandes marques truquent leurs marchandises

Changement d’emballage ou de recette, lancement d’« innovations »… autant d’occasions pour les industriels de faire valser les prix. En résumé, la quantité baisse, mais le prix augmente, on appelle cela la « shrinkflation », contraction de shrink (« réduire », en anglais) et d’inflation : à l’occasion d’un changement de packaging, le fabricant soustrait une quantité dans le contenu vendu, l’emballage demeure opaque et parfois reste le même qu’auparavant : masquant une envolée donc du prix au kilo ou au litre. Attention : regardez bien les prix au kilo/litre quand vous effectuez vos achats alimentaires. Si le prix reste identique mais que la quantité, indiquée en petit dans un coin du paquet, passe de 250 grammes à 225 grammes la plupart des consommateurs ne le remarquent pas. Cette technique existe depuis de nombreuses années, mais dans cette période de forte inflation sans surprise elle se généralise.

Effet d’aubaine oblige, les distributeurs sautent sur l’occasion pour marger sur leurs produits premiers prix

On les appelle Eco + chez Leclerc, Bien Vu dans les Super U ou Top Budget du côté d’Intermarché. Ils se retrouvent sous un packaging sobre, voire austère. De plus en plus de familles en remplissent leur caddie, et pas seulement celles au budget modeste : les consommateurs aisés aussi ont pris l’habitude de mixer articles de grandes marques et entrée de gamme. Du coup, les enseignes proposent des centaines de ces « premiers prix » : des produits commandés à des sous-traitants puis vendus en rayon à des tarifs défiant parfois la raison. A peine 1,50 euro le kilo de choucroute, 50 centimes le cheeseburger surgelé. Des étiquettes pas forcément suspectes – elles peuvent cacher des économies de marketing ou des marges riquiqui – mais parfois synonymes de qualité très moyenne.

Sur les recettes plus travaillées, on peut avoir de mauvaises surprises. Le thon Top Budget (Intermarché) est à base de thon listao. Or, l’albacore, a une chair plus fondante, si chère au goût général des Français. Mais la tonne de listao s’achète environ 600 dollars de moins que l’albacore. Que dire du saucisson à l’ail Eco + (Leclerc) : il intègre des pâtes obtenues à partir des rebuts enlevés des carcasses…

En réalité, distributeurs et industriels profitent des effets d’aubaine contractés sur les marchés agricoles ou des matières premières mondiales, des effets d’aubaine sur lesquels ils étudient comment les épouser au mieux, on appelle cela ensuite en langage d’économiste une « inflation ». Lors du passage sur le continent à la monnaie Euro, en 2000, tous les prix avaient été d’abord arrondis puis énormément augmenté, par exemple. Ils avaient surfé sur cette vague, tout en pouvant justifier facilement leurs hausses des prix. Aujourd’hui la baguette de pain traditionnelle se retrouve à environ 1,20 euro, alors qu’avant le passage à l’Euro, elle coûtait 4 francs. Notre bien chère baguette à la française a donc en fait été multipliée par 2 dans son prix depuis l’an 2000.

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