CASINO ROYALE (Martin Campbell -novembre 2006)

FICHE TECHNIQUE JAMESBONDIENNE :

Etats-Unis/Royaume-Uni, 2006

De Martin Campbell

Budget : 72 000 000 $

Affiche teaser américaine. Columbia PicturesProducteurs : les fidèles Barbara Broccoli et Michael G.Wilson
Scénario : Neal Purvis, Robert Wade, Paul Haggis, d’après le roman de Ian Fleming, et collaboration de Jean Bourne (La Mémoire dans la peau et La Mort dans la peau)
Casting : Daniel Craig (007), Eva Green (Vesper Lynd), Mads Mikkelsen (Le Chiffre), Judi Dench (M), Giancarlo Giannini (Rene Mathis), Caterina Murino (Solange Dimitrios), Simon Abkarian (Alex Dimitrios), Jesper Christensen (Mr.White)
Cadreur : Roger Pearce

Photo : Phil Meheux
Musique : David Arnold

Musique générique : « You know his name » de Chris Cornell
Durée : 2h24
Sortie : 22 Novembre 2006

Avant-goût  

Martin Campbell est le plus grand réalisateur et metteur en scène de « james bond » de ces vingt dernières années ! Après avoir sauvé la saga du naufrage en 1995, avec un Goldeneye enfin efficace après une période de disette qui courait depuis 1987 et le Tuer n’’est pas joué de Timothy Dalton, Martin Campbell réédite selon moi le sauvetage de la saga avec ce Casino Royale. Il est le plus grand réalisateur de « james bond » de ces 20 dernières années à plusieurs titres : il permet un passage d’’armes discret et crédible entre Pierce Brosnan et Daniel Craig, il fait renouer 007 avec celui de Ian Fleming, sa caméra épurée va à l’’essentiel et enfin, il y a une crédibilité au plan des scènes d’’action et de cascades. Casino Royale est aussi l’’adaptation du tout premier roman de Ian Fleming… et Martin Campbell s’’est montré très fidèle dans la narration. Il met en scène un 007 débutant et vulnérable qui place ce Casino Royale comme l’’adaptation cinéma la plus fidèle de Ian Fleming, à l’’instar de ceux de l’’ère Sean Connery. Explications…

Pitch :   

James Bond reçoit le matricule 00 suite à deux missions réussies. Ce matricule lui confère le droit de tuer. Il se trouve que la deuxième de ces missions lui donne envie de creuser davantage et de remonter plus haut dans cette affaire. Contre l’’avis de sa supérieure, M, il se rend aux Bahamas, où il croit possible l’’implication du « Chiffre », un homme connu de son agence, le MI6, pour être le banquier mondial des terroristes et autres seigneurs de guerre africains. Il blanchirait de l’’argent sale en masse et serait acteur de grands mouvements de fonds bancaires. 007 se lance dans cette enquête qui lui imposera d’’être surveillé par le Trésor britannique, représenté par l’’irrésistible Vesper (Eva Green) qui doit vérifier à ce que 007 prenne soin des 10 millions de dollars que le gouvernement a levé afin qu’’il participe à un tournoi hors normes de poker. 007 doit ruiner « Le Chiffre » pour subtiliser à ce joueur les fonds de son réseau bancaire. Mais rien ne se passe comme prévu…..car « Le Chiffre », reconnu comme un habile joueur, un matheux et un observateur hors pair de la gestuelle des joueurs rivaux, n’’est que l’’arbre qui cache la forêt du SPECTRE, le plus grand réseau criminel qui soit.

Sa première mission :

Daniel Craig. Gaumont Columbia Tristar Films

Avis :      

Pour introduire la personnalité de James Bond, la scène initiale est filmée dans une pénombre obscurantiste, sans action autre qu’’un suspense de circonstance entretenu par James et la cible humaine de sa mission, tous deux accoudés sur des rocking chair en vis-à-vis. Le légendaire générique arrive une fois qu’’il a flingué celui-ci et aussitôt on nous sert une séquence explosive de course-poursuite en haute altitude entre James et un yamakasi dur de la semelle. Il obtient aussitôt son permis de tuer et donc son matricule 00 grâce à ses deux missions réussies. Même si sa méthode trop tape-à-l’o’œil et expéditive fait hésiter sa supérieure M à lui conférer ce matricule 00. En 10 minutes Martin Campbell parvient à aller à l’’essentiel et à introduire un nouvel agent 007 : un débutant au tout début de sa carrière. Je vous rassure, mon résumé du film s’’arrête là ! Place au sens critique…

Bien que la séquence de la poursuite du yamakasi soit explosive, on sent une certaine retenue sur la mise en scène de la part de Martin Campbell. Et cette impression va se confirmer jusqu’à la fin, avec notamment un modeste mais efficace cadrage one shot de l’’accident de voiture de 007. Martin Campbell nous offre un « james bond » plus terre à terre au plan des scènes d’’action, et met en scène un agent 007 qui se teste, qui essaie, qui tente. Et ça fait vraiment plaisir à voir. James Bond redevient un humain, vulnérable et résistible. Mais la crédibilité du film se poursuit bien au-delà du personnage de 007. L’’ennemi à abattre n’’est plus ce bon vieux mégalomane sans scrupule mais un méchant qui a des failles, bien que son statut de banquier mondial des terroristes et son regard lui donnent un grand charisme.

Mads Mikkelsen. Gaumont Columbia Tristar Films  Mads Mikkelsen alias Le Chiffre !

Il y a aussi ces petits riens qui haussent le degré de suspense tout en restant vraisemblables, comme la partie de poker où 007 doit raquer cet ennemi, appelé « le Chiffre » et où le suspense immobile et entretenu longuement est digne de la saga tout en innovant. Ou encore l’’erreur de débutant que commet 007 de boire un verre empoisonné en pleine partie, ce qui offre au spectateur l’’inédite angoisse de se dire qu’’il ne va pas s’’en sortir.

Daniel Craig. Gaumont Columbia Tristar Films  VS Mads Mikkelsen. Gaumont Columbia Tristar Films

Il y a aussi cette capacité purement « flemingienne » de montrer un 007 aimant. Eva Green est alors l’’aimée, et fait jaillir de la saga un rôle de « james bond girl » enfin charismatique pour autres choses que ses seuls faits d’’arme. Il y a cette pseudo love story qui bien que pas toujours crédible ne tombe pas non plus dans un côté « fleur bleue », grâce au côté femme forte de l’’âme soeœur de 007.

Eva Green et Daniel Craig. Gaumont Columbia Tristar Films

Et puis j’’espère que ma critique ne vous laisse pas croire que ce Casino Royale manque d’’extravagance en termes d’’action-suspense. Parce que je pourrais citer la séquence extravagante (mais crédible je dois dire) de l’’affrontement entre 007 et deux ennemis dans une maison vénitienne s’’effondrant petit à petit dans les flots (ça fait palpiter les yeux !). Il y a aussi ces scènes « coups de poings » qui font à chaque fois pisser de sang 007, et qui lui rappellent combien sa profession est hautement risquée….

Caterina Murino et Daniel Craig. Gaumont Columbia Tristar Films

Caterina Murino

Caterina Murino. Gaumont Columbia Tristar Films

Sa seconde mission :

Sebastien Foucan. Gaumont Columbia Tristar Films
Daniel Craig. Gaumont Columbia Tristar Films

le prolongement de sa seconde mission :

Mads Mikkelsen. Gaumont Columbia Tristar Films

En discutant avec quatre amis sur Casino Royale, il était très clair que James Bond divise. L’un est catégorique : il n’accroche pas, il n’aime pas. Un autre parle d’un bon divertissement. Un autre parle d’un Daniel Craig trop « petit » pour endosser durablement ce rôle, voire pour pérenniser cette saga vieille de près de 50 ans.

J’’ai fait l’’arbitre, non sans resserrer les débats sur Casino Royale. J’’y vois en effet un bon James Bond, mais susceptible d’’être l’’exception qui ne confirmera pas la règle. Je pense qu’’il est un des tous meilleurs, autant que je pense que les prochains épisodes seront bien inférieurs. Casino Royale c’’est un peu l’’histoire d’’un apprenti agent secret, qui donc bénéficie d’’un rôle en or massif pour bien relancer une saga. Et orienter celle-ci vers plus de réalisme. Daniel Craig saigne comme jamais James Bond a saigné dans tous les épisodes cumulés. Et j’’ai trouvé cela humble de la part des producteurs. Un grand effort de script. Ça m’’a beaucoup plu cette histoire du dur qui veut obtenir le matricule 00 (permis de tuer). Cela donne un agent secret plus terre à terre, moins extravagant, et donc plus parlant. Après, et le connaisseur de la saga avec qui j’’ai discuté est d’’accord, je pense que les prochains épisodes seront aussi médiocres que les deux derniers Pierce Brosnan. Avec une omniprésence du marketing déguisé, et surtout avec un agent secret qui sera moins humble, puisque désormais formé et apte. Car je ne fais pas de Daniel Craig un grand acteur, et si je fais de son regard froid et de son gabarit animal un atout pour ce rôle, il lui manquera obligatoirement le flegme de Sean Connery, l’’ironie joueuse de Roger Moore, voire la prestance du costard de Pierce Brosnan. Ce ne sont que des détails. Mais ce sont malheureusement les principaux traits de caractère du personnage légendaire créé par Ian Fleming. Et si Martin Campbell a montré qu’il peut révolutionner et relancer les vieilleries de la saga (Goldeneye en 1995, Casino Royale récemment), il n’’est pas sûr qu’’il s’’engage pour un prochain épisode. Car à chaque fois que la saga se relance, on refait appel au marketing déguisé, à l’’extravagant « commercial », et à la promotion vendeuse…. Tout cela au détriment du budget consacré à l’’écriture du scénario, à la mise en scène, au montage et au casting. Et c’est tout ce qu’évite Martin Campbell. Quand on fait appel à lui, on lui laisse presque carte blanche.

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