PREHISTOIRE. La singularité de la Grèce au cours de sa Néolithisation…
On peut atteindre en quelques semaines la Grèce par bateau, depuis n’importe quel point de Méditerranée orientale, sous la période Néolithique, par cabotage. Cependant le trafic maritime est plus risqué que par voie terrestre : c’est pourquoi les effectifs de cultivateurs-éleveurs partis du Levant par la mer sont réduits, et c’est pourquoi de telles expéditions par voie maritime aussi démultipliées ont-elles été, aussi répétées ont-elles été, ne peuvent avoir eu la même influence sur les populations autochtones de Grèce, que l’expansion des cultivateurs-éleveurs anatoliens, en nombre, et transportant de multiples éléments, l’a été vers la Bulgarie. Ces transits par voie maritime, en résumé, paupérisent et réduisent en quantité la panoplie des savoir-faire techniques et des compétences amenés à être diffusés ensuite en Grèce. Un affaiblissement de la force d’impact des diffuseurs du Néolithique vers la Grèce pour trois raisons :
- les embarcations sont limitées en nombre de cultivateurs-éleveurs transportables : le panel de savoir-faire différents se rétrécit,
- ce voyage représente un tel risque accru (échouage, naufrage,…) que les volontaires sont difficiles à motiver,
- il est difficile de subjuguer les autochtones chasseurs-cueilleurs de Grèce, à l’arrivée, lorsque manque un troupeau de moutons/chèvres qui n’a pa pu être naturellement embarqué, ou lorsque des outils agraires lourds n’ont pu être suffisamment embarqués.
Le « style » crétois dans l’art de fabriquer statuettes, céramiques, sculptures sur os, est tout-à-fait hors-norme : faute de profiter de la diffusion puissante et continue d’artisans néolithisés venus du Levant, les Crétois réinventent leurs propres savoir-faire. La Grèce fera en quelque sorte de même.
En Grèce les autochtones chasseurs-cueilleurs demeurent en position de force par leur nombre, certes, mais leur connaissance de la Nature et ces quelques nouveaux arrivants que sont les cultivateurs-éleveurs levantins vont former un complexe proto-industriel à part, un « foyer » européen de mentalités à part. Les pratiques locales y demeurent fortes, tout en prélevant ci ou là tel ou tel savoir-faire novateur importé par les cultivateurs-éleveurs.