Et IAN FLEMING créa James Bond…

L’’univers de James Bond naît en 1952 avec la première édition de Casino Royale. Il n’’y a pas de faute d’’orthographe, rassurez-vous. En fait le « e » soi-disant en trop désigne la ville fictive de Royale-les-Bains.  Cet univers est l’œ’oeuvre d’’un seul et même homme, dans les tout débuts tout du moins : Ian Lancaster Fleming. Casino Royale avait déjà été adapté en téléfilm en 1954, le rôle-maître avait été confié à Barry Nelson.

  • Fleming venait d’une famille riche liée à la banque d’affaires Robert Fleming & Co. Son père fut député de Henley de 1910 jusqu’à sa mort sur le front occidental en 1917. Après des études à Eton, Sandhurst et aux universités de Munich et de Genève, Ian Fleming a occupé un certain nombre d’emplois avant de commencer à écrire.
  • Tout en travaillant pour la division Naval Intelligence de la Grande-Bretagne pendant la Seconde Guerre mondiale, Fleming a pris part à la planification de l’Operation Goldeneye et à la supervision de deux unités de renseignement. Son service durant la guerre, ainsi que l’expérience du métier de journaliste, ont largement contribué à la création de l’environnement du personnage de James Bond.

Ian Lancaster Fleming écrit en continu, sans se relire, parce que selon lui la relecture tourmente l’’inspiration

Il devient journaliste pour l’’agence Reuters dans les années 1930. Passionné par l’’écriture il va progressivement s’’armer d’’un univers bien à lui. Cela démarre par son recrutement par l’’amiral Godfrey comme adjoint à l’’Amirauté dans le service des renseignements britanniques. Il essaie de trouver le moyen d’’étouffer l’’empire nazi, ça le turlupine. En 1945 il accepte le poste de directeur des infos pour l’’étranger au Times et au Sunday Times. Il prend soin de demander comme garantie deux mois de congés payés par an. Pour quoi faire me demanderiez-vous ?  Pour inventer un personnage de fiction inspiré des services secrets britanniques : James Bond.

Dans sa villa Goldeneye (Jamaïque)

Il va écrire des romans d’’espionnage bien ficelés mettant l’’agent 007 aux prises avec un monde hostile : un monde visionnaire de la guerre froide. Ses deux mois de congés par an il les passe à Goldeneye, sa villa jamaïquaine. Mais bien souvent il se servira de ces « vacances » pour parcourir le monde, d’’où sa fascination pour l’’exotisme (Inde, Amérique du Sud, etc..). Vous trouverez un condensé de ses voyages dans son recueil « Des villes pour James Bond », édité chez Plon en 1965. 

Il finit en 1954 le roman Vivre et laisser mourir, le plus violent de tous

Il écrit en continu, sans se relire, parce que selon lui la relecture tourmente l’’inspiration. Mais ce n’’est pas sans laisser quelques coquilles, quelques bourdes techniques que bien des lecteurs ont signalé. Deux ans après Casino Royale, il finit en 1954 le roman Vivre et laisser mourir, qui restera le plus violent de tous. Il sera adapté dans les années 1970 au cinéma, avec comme rôle principal Roger Moore. Un succès au box-office : 3 139 412 entrées en France par exemple. En 1955, il démontre son esprit visionnaire en signant Moonraker et cette histoire de conquête de la Lune pour ensuite faire exploser la Terre. Il avait envisagé la Lune avant que Neil Armstrong n’’y pose son premier pas « de géant ». Dès lors, il est reconnu comme un écrivain avant-gardiste, bonifiant son univers d’’artifices et d’’action. Un univers inspiré de l’’espionnage de son temps, mais qui concevra l’’impensable pour les beaux yeux du public, et indirectement pour les bienfaits du cinéma.

A raison d’’un roman par an, l’’irlandais Ian Fleming signe Les Diamants sont éternels en 1956, Bons Baisers de Russie en 1957, James Bond contre Dr No en 1958, Goldfinger en 1959, Rien que pour vos yeux en 1960, Opération Tonnerre en 1961, L’’espion qui m’’aimait en 1962, Au service secret de sa majesté en 1963, On ne vit que deux fois en 1963, L’’Homme au pistolet d’’or en 1964. Il ne pourra finir ce dernier roman, mourant d’’une crise cardiaque. Il ne verra pas non plus les adaptations cinéma de ses romans franchir la barre des deux millions d’’entrées France dès 1971, ni le passage des trois millions d’’entrées France réalisés par les très bons Vivre et laisser mourir (1973), Moonraker (1979), Rien que pour vos yeux (1981) et Goldeneye (1995).

Goldeneye (1995), les débuts de Brosnan, l’univers jamaïcain d’écriture de Fleming

Robert Markham prend sa suite, finit L’’Homme au pistolet d’or. Le très productif John Gardner le relève, signant le sanglant Permis de tuer et Goldeneye. Ce dernier fait des allusions à l’’univers intime de Ian Fleming, pas seulement par son titre, qui reprend le nom de la villa/muse de Fleming, mais aussi par l’’ambiance de jungle du dernier tiers du film, qui rappelle le cadre dans lequel Fleming écrivait : la Jamaïque.

Les recettes sont simples : un brin d’’humour, de l’’action, des James Bond girls, de la classe, du secret, de l’’espionnage. Et le pendant noir de James Bond : un méchant mégalomane, charismatique et coriace toujours accompagné d’’un homme de main dévoué et aux qualités particulièrement meurtrières (Oddjob et son chapeau décapiteur dans –Goldfinger-  ou encore le géant Jaws aux mâchoires de fer  dans –deux films dont Moonraker).

Tuer n’’est pas jouer et Permis de tuer rebutent le public attitré

A la fin des années 1980 les deux épisodes Tuer n’’est pas jouer et Permis de tuer rebutent le public attitré, dénonçant un surplus de violence, et le côté froid de Thimothy Dalton. Les maisons de production hésitent à remettre le couvert. Jusqu’’à Goldeneye, il y a un trou de 6 ans, tandis qu’’auparavant un James Bond sortait tous les deux ans environ. Pierce Brosnan relance la machine en 1995 avec Goldeneye. Il semble convenir aux fans comme aux novices. La boîte de production retombe sur ses pattes, bien qu’’elle ait déboursé beaucoup en opérations promotionnelles. Je pense que si celui-ci n’’avait pas fonctionné, le clash final serait arrivé, mais ce n’’est qu’un avis personnel. Car Goldeneye avait coûté plus de 50 millions de dollars en budget promotionnel. Le risque était grand de se casser pour de bon la figure. Le suivant, Demain ne meurt jamais coûta encore plus : 100 millions en promotion, s’’ajoutant aux 110 millions de dollars dédiés au tournage, cachets des acteurs (trices) et autres.

Un budget de potentiel blockbuster américain

Pour que James Bond marche si bien au cinéma aujourd’’hui, il lui faut un budget de potentiel blockbuster américain, genre Pearl Harbour. Du sans doute à la floraison envahissante des gadgets en tous genres, et du cachet que peut se permettre de demander l’’acteur principal. Mais c’’est surtout du au contexte des James Bond : chaque film doit innover aux yeux de son époque, être le maître des effets visuels, ou des cascades, ou des périls à combattre. C’’est pour faire des économies et assurer leurs arrières que les producteurs des James Bond actuels acceptent de montrer autant telle ou telle voiture cylindrée, telle ou telle montre radar, etc.  Si la promotion compte beaucoup, l’’acteur principal compte encore plus, car il assure un bouche-à-oreille certain, source de succès ou d’’échec de n’’importe quel film, outrepassant le fait qu’’il ait été bien vendu au préalable. Les trois films que je vais citer avaient sensiblement le même budget et sont parus à la même période : On ne vit que deux fois (1967) ; Au service secret de sa majesté (1969) et Les Diamants sont éternels (1971). Le second a été un grand échec avec 64 millions de dollars de recettes pendant que les deux autres dépassaient les 100 millions. Pourquoi ?  Cherchez l’’erreur…. Georges Lazenby incarnait James Bond dans le second, tandis que le Sean Connery charmait ses dames, tuait du méchant dans les deux autres. Une différence de taille !!  Au service secret de sa majesté a fait 329 193 entrées France contre plus de deux millions pour Les Diamants sont éternels selon un écart temporel de 2 ans, c’’est énorme, et ce n’’est pas la seule machine promotionnelle qui peut jouer sur un tel écart !

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